L’utilisation du bois pour son énergie s’inscrit dans la catégorie des énergies renouvelables. En effet, le bois se renouvelle à l’échelle d’une vie humaine. Cette ressource, en France, est abondante mais fragile. Elle n’est plus en accroissement depuis 2008 pour différentes raisons, entre autres la déforestation liée à l’urbanisation (réf. : Site Picbleu – La forêt française menacée)
Le bilan carbone du bois-énergie est neutre : le bois stocke du carbone qui est libéré pendant sa combustion. La boucle est bouclée : le carbone stocké par le bois équilibre le carbone dispersé sous forme de gaz lors de sa combustion.
C’est pourquoi l’utilisation du bois comme combustible, et en particulier le bois en bûches, est appréciée par les particuliers : des équipements simples, une énergie locale, bon marché, facilement disponible et renouvelable (à condition d’entretenir et de replanter la forêt !).
Malheureusement, le chauffage au bois n’est pas sans poser d’autres problèmes : sa combustion produit des fumées qui sont une source importante de pollution de l’air, dont les composantes les plus nuisibles pour la santé sont les particules fines en suspension.
Les particules de 10 micromètres, appelées communément PM10 (pour Particulate Matter) ou à fortiori les PM2,5 (2,5 microns) sont particulièrement dangereuses pour la santé puisque leur très faible diamètre leur permet de pénétrer sans obstacles dans les alvéoles pulmonaires (effets cancérigènes notoires).
Cette émission de particules fines est de loin la cause la plus importante de pollution par le chauffage au bois en hiver dans des installations traditionnelles à bûches (les poêles à granulés, beaucoup plus performants, sont moins concernés).
Cette pollution se concentre lors d’épisodes anticycloniques propices à des inversions de températures bloquant les particules fines près du sol.
Un exemple : la période de décembre 2016 – janvier 2017 de hautes pressions sans vent, génératrices de pollution aux particules fines dans les grandes villes françaises et dans les vallées alpines.
Rappelons le tout-de-même : le niveau d’alerte 1 a été déclenché presque quotidiennement dans la vallée de l’Arve du 2 décembre 2016 au 29 janvier 2017 pour des niveaux de pollution aux particules PM10 à plus de 110 / 100 en Haute-Savoie dans les zones de Passy et de Sallanches !
– voir l’article Chloro’Fill / Niouzzz : Lorsque l’air de ma commune est « très mauvais »
– toutes les informations sur la qualité de l’air publiées par Atmo Air Auvergne-Rhône-Alpes
– Les critères nationaux de qualité de l’air (association Airparif)
– Comprendre les types de seuil des polluants (Respire)
Quels sont les moyens disponibles pour limiter les émissions de particules fines générées par le chauffage au bois ?
Beaucoup de sites ont dressé des catalogues de recommandations pour limiter la production de particules fines générées par le chauffage au bois-bûche.
Notre page Air rappelle quelques recommandations de base. La plus radicale consiste à changer son poêle ou insert ancien au profit d’un appareil performant (aides publiques pour le remplacement des appareils anciens, sous conditions, par le Fonds Air Bois de la vallée de l’Arve).
Pour approfondir le sujet, voir Wikipedia – Bois énergie ou la page Les émissions de particules fines du chauffage bois polluent l’air du site Picbleu
Pour les utilisateurs de chauffage au bois qui voudraient cesser de polluer leur environnement, il est vivement recommandé d’utiliser le moyen de chauffage le plus performant, donc le moins polluant (et ça existe !). Les poêles anciens non labellisés et surtout les cheminées devraient être désormais interdits.
Mais un équipement complémentaire peut également contribuer à diminuer considérablement la quantité de particules fines émises dans les fumées : les filtres à particules, et en particulier les filtres électrostatiques.
Explication préliminaire : les grosses installations de chauffage au bois en France (chaufferies collectives) ont l’obligation légale, au dessus de 2 MW (2’000 KW), d’être équipées de dispositifs de filtration. En Suisse, l’obligation de filtres concerne les installations au dessus de 70 kW seulement (voir document pdf Exigences légales en Suisse). Ces dispositifs sont réputés très efficaces. On peut considérer que les grosses installations sont globalement propres, non concernées par les émissions de particules fines.
Aucune obligation en revanche (en 2017) pour la France pour les particuliers en dessous de ces puissances de chauffage importantes, de dimension industrielle.
Pourtant, il existe des dispositifs de filtration des fumées domestiques. Ils sont parfaitement adaptés aux petits moyens de chauffage domestiques (poêles à bûches, inserts) et très efficaces. Ces systèmes sont très peu connus et répandus en France, ils le sont nettement plus en Suisse et en Allemagne.
Dispositifs de filtration actuellement disponibles pour installations domestiques sur le marché français et européen (début 2017) :
Filtres catalytiques : les fumées passent dans une structure alvéolée métallique permettent de réduire les émissions polluantes de la combustion grâce à une réaction chimique, sur un principe de fonctionnement voisin de celui des moteurs diesels.
Avantage : efficaces à chaud (80 % des émissions), ne consomment pas d’énergie.
Inconvénients : ne fonctionnent pas à froid, durée de vie limitée (6 à 8 ans).
Exemples, pour information :
— O2Ring de Palazzetti Système de filtre catalytique proposé uniquement sur les poêles et inserts Palazzetti, destiné à la réduction des particules fines.
— Catalyseur Zéro Co proposé par Poujoulat. Ce système agit exclusivement sur le monoxyde de carbone contenu dans les fumées (pas d’effet sur les particules fines). Voir distributeurs Poujoulat. Environ 900 € H.T. (p. 326 catalogue en ligne tarifs 2016).
Filtres électrostatiques : un générateur de courant continu haute tension ionise les particules fines contenues dans les fumées qui sont alors attirées par leur charge électrostatique contre les parois du conduit de cheminée où elles s’agglutinent.
Ce système nécessite une alimentation électrique. L’appareil se met sous tension seulement lorsque le poêle fonctionne (sonde de température). Ces filtres sont très efficaces : réduction de l’ordre de 90 % des émissions de particules fines.
— Top Clean : filtre électrostatique distribué par Poujoulat (ancienne dénomination : OekoTube, développé par OekoSolve en Suisse). Taux de précipitation annoncé des particules fines : 92 %. Tension produite : 30 kV (30’000 Volts !), mais 30 Watt en fonctionnement. L’installation s’effectue en toiture sur le conduit de cheminée (maçonné ou métallique).
Prix public : 1’846,29 € H.T. (p. 324 catalogue en ligne tarifs 2016)
— Airjekt 1 : filtre électrostatique distribué en France par la société Chemineeo installée à Munich, et fabriqué actuellement en Allemagne par Kutzner & Weber (ce filtre connu antérieurement sous le nom Zumik®on, a été développé en Suisse par la société Rüegg).
Réduction annoncée des particules fines jusqu’à 90%
L’installation s’effectue sur le tuyau métallique de sortie des fumées du poêle. L’alimentation électrique produit la haute tension nécessaire et entraine aussi un petit ventilateur de refroidissement. Consommation < 9 Watt (3 Watt en veille)
Prix public : 1’329 € T.T.C. (début 2017)
Nous espérons que cette page d’informations pratiques sera utile à celles et ceux qui seraient soucieux d’utiliser le chauffage au bois sans nuire à la santé de leurs voisins. On peut aussi espérer que ces dispositifs complémentaires mais efficaces feront l’objet d’une aide incitative de la part des collectivités publiques dans l’intérêt général (Fond Air Bois en particulier).
Autres liens :
– livre Chauffage au bois d’Emmanuel Carcano (édité en février 2009 par Terre vivante) disponible dans la bibliothèque Chloro’Fill
– divers articles parus régulièrement dans la revue La maison écologique et que Chloro’Fill tient à disposition de ses adhérents
– exposé détaillé Wikipedia sur les filtres à particules pour le chauffage au bois utilisés en Suisse
– Réduire les émissions du bois-énergie chez les particuliers (Bioénergie international)
Note : les communes de Domancy et de Combloux (74) ont procédé au cours de l’année 2017 a une étude très similaire de ces dispositifs qui a été complétée par une étude économique : tarif d’achat en commandes groupées, formation d’artisans installateurs, tarif indicatif des coûts d’installation.