Apocalypse now*

La guerre en Ukraine. Aussi soudaine que totale, violente, effrayante, apocalyptique.
L’objet de cet article ne concerne pas directement ce conflit, même si notre solidarité et la résistance s’imposent comme une évidence et une urgence absolue.
Les écologistes, dans tout ça ?
Le dernier rapport du GIEC, aussi clair et catastrophiste qu’il soit, a été complètement étouffé par l’actualité internationale (articles de Reporterre le Giec décrit un sombre avenir pour l’Europe et Médias et politiques se fichent du rapport du Giec). Et pourtant… Il s’agit bien d’une autre forme de catastrophe imminente, inéluctable, difficilement réversible qui nous attend ces prochaines années.


Youtube / Ukraine : missiles hit country’s biggest nuclear plant starting major fires

Les analyses communément admises depuis longtemps dans les groupes écologistes représentés en France sur le rôle des énergies en arrivent aux conclusions suivantes :

  • Le recours aux énergies fossiles est admis par les écologistes comme la mauvaise solution que l’industrie et les usages ont imposé, parce qu’elles présentent les inconvénients suivants :
    • la dépendance, qui nous rend vulnérable à un partenaire économique qui peut devenir un ennemi.
      Beaucoup de pays européens, dont l’Allemagne et l’Italie, sont empêtrés dans leur haute dépendance au pétrole et au gaz russe. Se passer brutalement de cette source d’approvisionnement est un problème difficile à résoudre dans l’urgence.
      La recherche d’une autonomie énergétique aurait été synonyme de prudence et sagesse, mais l’appétit pour exploiter jusqu’à la dernière goutte les énergies contenues dans les ressources fossilisées nous confronte aujourd’hui à cette situation de conflit poussé à son paroxysme.
      A noter également : nous découvrons la dépendance étroite qui relie l’agriculture française à l’approvisionnement en énergie (intrants que nous achetons en grande quantité, fabriqués à grand renfort d’énergies fossiles). Les responsables des filières agricoles en France ont bien expliqué leurs inquiétudes, après le déclenchement et la généralisation du conflit en Ukraine qui était, rappelons-le, un producteur et exportateur important pour nos approvisionnements.
      Rappel : les énergies fossiles constituent dans leur ensemble une ressource qui a fait l’objet de l’exploitation, de l’accaparement, de conflits, exploitées par les sociétés industrielles émergent dès le 19ème siècle, et responsables de l’immense dérèglement climatique aujourd’hui admis incontestablement comme étant d’origine humaine, en particulier par l’augmentation du taux de CO2 présent dans l’atmosphère.
    • les risques de déséquilibres géo-politiques générateurs de conflits.
      Les gisements de pétrole, de gaz dit naturel encore exploités dans le monde (Russie, mais aussi moyen-Orient) ont bien montré le rôle qu’ils ont joué sur la carte des conflits contemporains. La vente de pétrole et de gaz par la Russie est le parfait exemple de l’un des enjeux économiques majeurs de cette guerre.
  • Le nucléaire : la plupart des écologistes estiment que l’énergie atomique est à considérer comme un danger.
    Les exemples de risques à l’échelle d’un continent sont pourtant bien là : Tchernobyl et Fukushima pour les plus médiatiques, pour les « accidents » civils.
    Mais maintenant, c’est la guerre ouverte qui fait soudainement craindre le pire : dans la nuit du 5 mars 2022, la centrale de Zaporijia (Zaporojie), dans le sud de l’Ukraine, l’une des plus puissantes d’Europe, a été frappée par des tirs russes ciblés, non accidentels (voir article de Reporterre du 4 mars, voir communiqué de presse de la CRIIRAD du 5 mars). Ce risque avait souvent été évoqué mais jamais vraiment pris au sérieux auparavant.
    Quant au risque de déclenchement du feu nucléaire purement militaire et commandité, il dépasse nos pires craintes : le monde entier est soudainement soumis à une menace bien réelle.
  • La guerre, au-delà même de son caractère humainement effroyable, n’est-elle pas, par le chaos qu’elle déploie, un accélérateur de dégâts à l’environnement majeurs et irréversibles, de gaspillage insensé d’énergies et de ressources anéantissant tous les efforts antérieurs ?
    C’est exactement le propos de cet autre article de Reporterre « La dévastation de l’environnement est une bombe à retardement ».

La campagne pour les prochaines élections à la présidence de la République française a soudain changé son cours et placé au second rang le débat électoral.
Pourtant, nul ne peut douter de la sagesse et de l’avant-gardisme du programme écologiste qui sera vraisemblablement une fois de plus relégué aux vœux pieux des idéalistes de la planète.
Les préconisations et les changements nécessaires et urgents de nos mode de vie proposés démontrent tout le danger, à court et à long terme, de ne pas les avoir inscrit dans nos priorités.

* Apocalypse now : film de guerre américain de 1979 de Francis Ford Coppola sur les atrocités de la guerre du Viet-Nam.