Les territoires peu à peu s’équipent de voies de circulation permettant une mobilité douce : les pistes cyclables, vigoureusement réclamées par tous ceux qui entendent circuler sur 2 roues plutôt qu’en voiture.
Ces aménagements ne progressent pas sans difficultés : on demande au réseau routier ni plus ni moins que de se doubler d’un réseau plus ou moins parallèle, dédié aux cycles.
Ces infrastructures coûtent cher en travaux de réalisation, et dans bien des cas, il n’est même pas possible de créer de nouvelles voiries spécifiques, faute de place disponible, parce que le relief ne le permet pas, parce que tout l’espace a déjà été conquis par les aménagements existants, parce qu’aucune place ne leur a été réservées.
Loin, bien loin de nous, l’idée de critiquer le développement du réseau cyclable. Nous faisons partie de ceux qui souhaitent une extension massive et une cohérence dans la continuité de ces voies de circulation non motorisées.
Mais nous pensons aussi que les routes existantes ne sont pas faites QUE pour les voitures et autres véhicules à moteur. Les pistes cyclables sont une très bonne chose, mais elles sont aussi une façon de reléguer les vélos ailleurs, de les exclure des routes traditionnelles.
Combien de cyclistes vous diront qu’ils se refusent désormais à rouler sur bien des routes tellement la circulation automobile effrénée les ont rendues dangereuses. Et le danger est bien réel, il ne s’agit pas d’un fantasme.
Il y a là une forme d’autocensure qui admet de fait une forme de monopolisation de la route par la voiture (autos, camions, motos, quads, etc.).
Un aménagement simple devrait permettre pourtant de rendre peu à peu sa place à tous les véhicules autorisés sur une route ordinaire : les VOIES cyclables.
Son coût : celui d’un balisage à la peinture supplémentaire pour matérialiser la ou les 2 voies dédiées aux vélos, à quoi il faut ajouter le prix de panneaux d’information dont le rôle n’est pas à négliger. Il n’y a pas de travaux lourds à entreprendre.
La voirie existante est étroite ?
Rien n’empêche la matérialisation en pointillé des voies cyclables, d’un ou des 2 côtés de la route. S’il ne reste que peu de largeur pour le passage d’une automobile, elle attend que le passage soit dégagé pour filer son chemin !
Si une route permet le passage d’une voiture (même à sens unique), elle doit aussi permettre le passage prioritaire des vélos, et à fortiori des piétons.
Ce que ça change :
- la route n’est plus le monopole exclusif des voitures
- Les vélos se ré-approprient (un peu) la route au lieu d’en être peu à peu exclus
- La totalité de la voie est toujours disponible. Mais en cas d’accident, l’attribution de la responsabilité est toute autre s’il est établi que le vélo a été touché sur cette voie dédiée et spécifique
- Le principe de la priorité laissée au moins puissant (le moins motorisé) doit être rappelé, comme c’est le cas en aviation ou en circulation maritime
La généralisation des voies cyclables, en parallèle des routes existantes, en complément ou en remplacement des pistes cyclables lorsqu’elles n’existent pas, permettront, nous l’espérons, de rendre aux 2-roues la place qui leur revient sur cet espace public de circulation des véhicules.
Rappel de la loi LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie, dite aussi loi Corinne Lepage), article L228-2 du code de l’Environnement :
« A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. L’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de déplacements urbains, lorsqu’il existe. »
Lien : article de la FUB (Fédération française des Usagers de la Bicyclette) sur les bandes cyclables